DÉMOCRATIE

Publié le par Vernon-défis

  

"La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité" Albert Camus

 

 

Partons  d’un constat basique : dans une société occidentale « démocratique » aucun parti, aucune composante de la société civile ne peut comptabiliser une majorité absolue de citoyens. Des compositions, des compromis, des alliances, sont toujours nécessaires pour prétendre, in fine, représenter une majorité. Ces alliances, basées sur la diversité qui est une richesse et non un appauvrissement, supposent des rencontres, des dialogues, des aménagements, bref la recherche d’un consensus donnant satisfaction à tous les alliés.

 

À partir de là, comment pourrait-on imaginer le fonctionnement démocratique d'un conseil municipal ? Il faut bien sûr écarter  les méthodes du rapport de force et de l’invective idéologique trop pratiquées dans la vie politique.

 

Actuellement, le scrutin majoritaire fait que c'est le parti majoritaire de la majorité (que celle-ci soit de droite ou de gauche d'ailleurs) qui peut décider de tout. Si les élus de ce parti sont bien disciplinés et s’ils ont une personnalité suffisamment soumise, c'est le chef et sa garde rapprochée qui décident de  tout. On  aboutit alors  très vite à  un dysfonctionnement car une personne à elle seule ne peut avoir raison sur tout et tout le temps.

 

De plus, le parti majoritaire de la majorité est minoritaire numériquement dans le conseil municipal et il n'est majoritaire politiquement que par l'adhésion et/ou la soumission de ses partenaires. Et vis-à-vis de l'électorat, il n'en représente que 25 %. Ainsi, au fil des ans, des élus deviennent des potentats locaux cumulant les mandats, monopolisant la parole, d'autant plus imbus de leur pouvoir que la monarchie républicaine à la française, modèle « 5e république », les conforte dans cette identification au souverain omnipotent et omniprésent . Alors, les citoyens font l'expérience concrète, dans la vie politique locale, de compter « pour du beurre », de n'être pas pris en considération et se détournent alors de la vie citoyenne.

 

Quelques  propositions à partir de cela :

 

-          en amont, écouter et inclure les associations car ce sont elles qui peuvent faire vivre en premier lieu  la démocratie participative ;

         

-          faire en sorte que  les commissions municipales soient une véritable instance de débat. 

Hubert Dubedout, un grand maire de Grenoble dans les années 70, avait inventé les    commissions municipales ouvertes alors qu'à Vernon,  depuis plusieurs mandats à droite comme à gauche, elles ne servent qu'à entériner une décision déjà prise et qui sera votée 5 jours plus tard. Associer l’opposition dans un débat n’est pas une marque de faiblesse mais, au contraire, celle d’un courage et d’une intelligence politique : l’opposition n’a pas que des mauvaises idées ; elle peut émettre des critiques pertinentes dont tous peuvent profiter. Cela éviterait les postures systématiquement conflictuelles, symétriques  et stériles ;

  

-          à l'intérieur de la majorité, il faudrait un bureau municipal  qui travaille en équipe, dans un état d’esprit de confiance et de bienveillance, sans être traversé par des clivages partisans mais dans le respect de la compétence et du  libre arbitre de chacun. Un maire doit être quelqu'un qui sait écouter, convaincre, nourrir le débat, fédérer et argumenter pour chercher la meilleure solution à un problème. Ceci est à l'inverse du fonctionnement disciplinaire de groupe majoritaire où le parti majoritaire de la majorité a toujours raison bien qu'il soit, en fait, mathématiquement  minoritaire dans le conseil ;

 

  

-          donner une responsabilité au maximum d’élus du conseil pour effectuer un rôle, une tâche qui leur tient à cœur, bien sûr, à tous les élus de la majorité, mais pourquoi pas aux élus de l'opposition lorsqu’ on s'est mis d'accord avec eux ? Quel spectacle attristant que tous ces élus qui viennent -une fois par mois- se morfondre dans une salle de conseil pour assister au combat rituel du maire et des têtes de file de l'opposition égrenant systématiquement le même chapelet polémique !

 

 

 

 

 

Ces maux sont propres au scrutin majoritaire.

 

Le scrutin à la proportionnelle résoudrait-il les choses ? Ce n’est pas certain  car avec des individus éduqués au rapport de force majoritaire et partisan, il risque bien de générer manœuvres, combinaisons, trahisons et donc d’aboutir au blocage.

 

Pour fonctionner  correctement, un scrutin proportionnel suppose des qualités qui sont celles dont l’absence  fait aussi dérailler le scrutin majoritaire : le sens du  juste compromis, la capacité d’écoute et de dialogue, le respect du libre arbitre de chacun, le souci de convaincre et non la menace disciplinaire, en abandonnant l’esprit de clan ou de camp.

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                                                                       14 Mars 2011

Jérôme BULTEL et  Jean-Claude MARY

 

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J
<br /> Merci pour cette analyse.<br /> J.L. Vincent<br /> <br /> <br />
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